Comment faire société tout en préservant nos individualités ? Quelle valeur accorder à la liberté dans un monde régi par les normes et les algorithmes ? À « l’ère du vide » qui est la nôtre, quelle chance avons-nous de redonner une consistance au langage et une portée à nos voix intérieures ? Bref, sommes-nous capables de résister à la « dictature du bonheur » qu’instaure l’économie néolibérale ? À la croisée de la psychologie et du politique, toutes ces questions, aux prises avec un monde contemporain en crise, occupent le coeur des vidéos de l’artiste belge Ariane Loze. Leur vocation critique y apparaît telle une riposte dans un contexte social nourri des préceptes du capitalisme tardif et de plus en plus appauvri en valeurs humanistes, comme en témoigne la suprématie du narcissisme sur l’empathie ou le réflexe de l’entre-soi face à l’altérité.
Après avoir étudié le théâtre, Ariane Loze poursuit sa formation dans le domaine de la performance, mettant alors son savoir-faire de comédienne au profit d’une recherche menée avec le médium audiovisuel. Bien que la mise en scène demeure partie intégrante de sa pratique artistique, la vidéo s’impose alors comme son outil principal pour donner lieu dès 2008 à ses premiers films : St Erme, Horror et Pursuit. Déjà singuliers malgré la modestie des moyens techniques, ceux-ci se distinguent d’emblée par le fait que la jeune artiste les réalise seule, posant elle-même la caméra devant laquelle elle interprète tous les personnages pour les faire ensuite coexister, par un jeu habile de champ-contrechamp, dans une unité de lieu. Si les dialogues n’y sont pas encore présents, laissant le soin aux visages, aux gestes et aux postures d’exprimer seuls les émotions et les relations, ils ne cesseront de jouer un rôle croissant du jour où ils apparaîtront dans sa filmographie, comme en témoignent Le Banquet (2016) créé à l’HISK ou encore L’Archipel du moi et Inner Landscape réalisés tous deux en 2018.
Réunissant une dizaine d’oeuvres et couvrant une quinzaine d’années, de ses premières vidéos muettes à sa dernière réalisation produite par le MACS en passant par la captation de la performance Bonheur Entrepreneur (2021) ou l’activation possible par le public d’un jeu de dialogues (Le Banquet, performance), l’exposition aborde les principaux motifs sociétaux qu’Ariane Loze traite avec un sens de la satire qui caractérise son écriture : small talks mondains, discours managérial, voix introspectives ou traités politiques (Le Prince de Machiavel cité dans L’Archipel du moi). Pour clore ce parcours rétrospectif, l’artiste s’est inspirée ici encore d’un texte, cette fois en lien avec le passé industriel du Grand-Hornu : Énergie et équité de Ivan Illich, penseur de l’écologie politique. Précurseur de la crise globale que nous connaissons aujourd’hui, cet écrit, publié en 1973, nous alertait déjà des impacts sur la société de nos modes de consommation et de production énergétiques ; un enjeu plus que jamais crucial qu’aborde aujourd’hui l’artiste dans une nouvelle installation vidéo.
Ariane Loze est née en 1988. Elle vit et travaille à Bruxelles.
Crédit Photo : © Ariane Loze - MACS
MACS – Musée des Arts Contemporains de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rue Sainte-Louise 82 7301 Hornu MACS – Musée des Arts Contemporains de la Fédération Wallonie-BruxellesComment faire société tout en préservant nos individualités ? Quelle valeur accorder à la liberté dans un monde régi par les normes et les algorithmes ? À « l’ère du vide » qui est la nôtre, quelle chance avons-nous de redonner une consistance au langage et une portée à nos voix intérieures ? Bref, sommes-nous capables de résister à la « dictature du bonheur » qu’instaure l’économie néolibérale ? À la croisée de la psychologie et du politique, toutes ces questions, aux prises avec un monde contemporain en crise, occupent le coeur des vidéos de l’artiste belge Ariane Loze. Leur vocation critique y apparaît telle une riposte dans un contexte social nourri des préceptes du capitalisme tardif et de plus en plus appauvri en valeurs humanistes, comme en témoigne la suprématie du narcissisme sur l’empathie ou le réflexe de l’entre-soi face à l’altérité.
Après avoir étudié le théâtre, Ariane Loze poursuit sa formation dans le domaine de la performance, mettant alors son savoir-faire de comédienne au profit d’une recherche menée avec le médium audiovisuel. Bien que la mise en scène demeure partie intégrante de sa pratique artistique, la vidéo s’impose alors comme son outil principal pour donner lieu dès 2008 à ses premiers films : St Erme, Horror et Pursuit. Déjà singuliers malgré la modestie des moyens techniques, ceux-ci se distinguent d’emblée par le fait que la jeune artiste les réalise seule, posant elle-même la caméra devant laquelle elle interprète tous les personnages pour les faire ensuite coexister, par un jeu habile de champ-contrechamp, dans une unité de lieu. Si les dialogues n’y sont pas encore présents, laissant le soin aux visages, aux gestes et aux postures d’exprimer seuls les émotions et les relations, ils ne cesseront de jouer un rôle croissant du jour où ils apparaîtront dans sa filmographie, comme en témoignent Le Banquet (2016) créé à l’HISK ou encore L’Archipel du moi et Inner Landscape réalisés tous deux en 2018.
Réunissant une dizaine d’oeuvres et couvrant une quinzaine d’années, de ses premières vidéos muettes à sa dernière réalisation produite par le MACS en passant par la captation de la performance Bonheur Entrepreneur (2021) ou l’activation possible par le public d’un jeu de dialogues (Le Banquet, performance), l’exposition aborde les principaux motifs sociétaux qu’Ariane Loze traite avec un sens de la satire qui caractérise son écriture : small talks mondains, discours managérial, voix introspectives ou traités politiques (Le Prince de Machiavel cité dans L’Archipel du moi). Pour clore ce parcours rétrospectif, l’artiste s’est inspirée ici encore d’un texte, cette fois en lien avec le passé industriel du Grand-Hornu : Énergie et équité de Ivan Illich, penseur de l’écologie politique. Précurseur de la crise globale que nous connaissons aujourd’hui, cet écrit, publié en 1973, nous alertait déjà des impacts sur la société de nos modes de consommation et de production énergétiques ; un enjeu plus que jamais crucial qu’aborde aujourd’hui l’artiste dans une nouvelle installation vidéo.
Ariane Loze est née en 1988. Elle vit et travaille à Bruxelles.
Crédit Photo : © Ariane Loze – MACS